L’ARC DE CIVA EL ARCO DE SHIVA
Del libro “Poémes antiques”
Le vieux Daçaratha, sur son siège d'érable, El viejo
Daçaratha, sobre su trono de madera de arce,
Depuis trois jours entiers, depuis trois longues nuits, después
de pasar tres días y tres largas noches inmóvil,
Immobile, l'œil cave et lourd d'amers ennuis, la mirada
perdida y cargada de amargas cuitas,
Courbe sa tête vénérable. inclina su cabeza venerable.
Son dos maigre est couvert de ses grands cheveux blancs, Su
flaca espalda está cubierta por sus largos cabellos blancos
Et sa robe
est souillée. Il l'arrache et la froisse. y su ropa está sucia. La
arruga y la desgarra.
Puis il gémit tout bas, pressant avec angoisse Después, gime
en voz baja, presionando angustiosamente
Sou cœur de ses deux bras tremblants. su corazón con los
brazos temblorosos.
A l'ombre des piliers aux lignes colossales, A la sombra de
las columnas de trazados colosales
Où le lotus sacré s'épanouit en fleurs, donde la sagrada
flor de loto florece,
Ses femmes, ses guerriers respectent ses douleurs, sus
mujeres y sus guerreros respetan su dolor,
Muets, assis autour des salles. mudos, sentados en torno a
las salas.
Le vieux Roi dit : —Je meurs de chagrin consumé. El viejo
rey dice: “¡Muero consumido por la pena!
Qu'on
appelle Rama, mon lils plein de courage.— Llamad a Rama, mi hijo lleno
de coraje.”
Tous se
taisent. Les pleurs inondent son visage. Todos enmudecieron. Las
lágrimas inundaron su rostro.
Il dit: —O mon fils bien aimé! Dijo: “¡Oh, mi hijo
bienamado!
Lève-toi,
Lakçmana! Attelle deux cavales ¡Levántate, Lakçmana! Unce dos caballos
Au char de guerre, et prends ton arc et ton carquois. al
carro de batalla, y toma tu arco y tu carcaj.
Val Parcours les cités, les montagnes, les bois, ¡Vete!
Recorre las ciudades, las montañas, los bosques,
Au bruit éclatant des cymbales. al ritmo brillante de los
címbalos.
Dis à Rama
qu'il vienne. Il est mon fils aîné. Dile a Rama que venga. Es mi
primogénito,
Le plus beau, le plus brave, et l'appui de ma race. el más
hermoso, el más bravo, el sostén de mi estirpe?.
Et mieux vaudrait pour toi, si tu manques sa trace, Y más te
valdría, si pierdes su rastro,
Malheureux! n'ètre jamais né.— ¡desdichado!, no haber nacido
jamás.”
Le jeune homme aux yeux noirs, se levant plein de crainte, El
joven de ojos negros, alzándose lleno de temor,
Franchit en bondissant les larges escaliers; salvó a grandes
zancadas las escalinatas;
Il monte sur son char avec deux cymbaliers, subió a su carro
con dos cimbaleros
Et fuit hors de la Cité sainte. y huyó lejos de la ciudad
santa.
Tandis que l'attelage aux jarrets vigoureux Mientras la
recua de vigorosos corvejones
Hennit et court, il songe en son âme profonde: relincha y
corre, sueña en el fondo de su alma:
—Que ferai-je? Où trouver, sur la face du monde, “¿Qué haré?
¿Dónde hallar, sobre la faz de la tierra,
Rama, mon frère généreux? a Rama, mi generoso hermano?
Certes, la terre est grande, et voici bien des heures Ciertamente,
el mundo es grande y hace demasiado tiempo
Que l'exil l'a chassé du palais paternel, que el exilio le
expulsó del palacio paterno,
Et que sa douce voix, par un arrêt cruel, y que su dulce
voz, a causa de un cruel arrebato,
N'a retenti dans nos demeures.— no ha resonando en nuestras
estancias.”
Tel Lakçmana médite. Et pourtant, jour et nuit, Así medita Lakçmana. Entretanto, de
día y de noche,
Il traverse cités, vallons, montagne et plaine. pasa por
ciudades, valles, montañas y llanuras.
Chaque cavale souffle une brûlante haleine, Cada uno de los
caballos exhala una vaharada ardiente,
Et leur poil noir écume et luit. y su negra piel suda y
brilla.
—Avez-vous
vu Rama, laboureurs aux mains rudes? “¿Habéis visto a Rama, labriegos de
manos rudas?
Et vous, filles du fleuve aux ilôts de limons? ¿Y vosotras,
muchachas del río, en los islotes cenagosos?
Et vous, fiers cavaliers qui descendez des monts, ¿Y
vosotros, orgullosos caballeros que bajáis de las montañas,
Chasseurs des hautes solitudes? cazadores de las solitarias
alturas?”
—Non! nous
étions courbés sur le sol nourricier. “¡No! Estábamos inclinados hacia
el suelo nutricio.”
—Non! nous
lavions nos corps dans l'eau qui rend plus belles. “¡No! Estábamos
lavándonos en el agua que nos embellece.”
—Non, Radjah! nous percions les daims et les gazelles “¡No, rajá! Perseguíamos a los ciervos y
gacelas,
Et le léopard carnassier.— y al leopardo carnívoro.”
Et Lakçmana
soupire en poursuivant sa route. Y Lakçmana suspira y prosigue su
camino.
Il a franchi les champs où germe et croît le riz; Ha
atravesado los campos en los que germina y crece el arroz;
Il s'enfonce au hasard dans les sentiers fleuris se hunde al
azar en las sendas floridas
Des bois à l'immobile voûte. bajo la bóveda inmóvil del
bosque.
—Avez-vous vu Rama, Contemplateurs pieux, “¿Habéis visto a
Rama, ermitaños piadosos,
L'archer certain du but, brave entre les plus braves? al
arquero que siempre acierta, bravo entre los bravos?”
—Non! le rêve éternel a fermé nos yeux caves, “¡No! El
ensueño eterno ha cerrado nuestros ojos vacíos,
Et nous n'avons vu que les Dieux!— y sólo hemos visto a los
dioses.”
A travers les nopals aux tiges acérées, A través de los
nopales de tallos afilados
Et les buissons de ronce, et les rochers épars, y de los
zarzales y de las ásperas roquedas
Et le taillis épais inaccessible aux chars, y de la espesura
inaccesible para su carro,
Il va par les forêts sacrées. se interna en las selvas
sagradas.
Mais voici qu'un cri rauque, horrible, furieux, Pero he aquí
que un grito ronco, horrible, furioso,
Trouble la solitude où planait le silence. perturba la
soledad sobre la que se cernía el silencio.
Le jeune homme frémit dans son cœur, et s'élance, El corazón
del joven se estremece, y se abalanza,
Tendant l'oreille, ouvrant les yeux. estirando las orejas,
abriendo los ojos.
Un Rakças de Lanka, noir comme un ours sauvage, Un Rakças de
Lanka, negro como un oso salvaje,
Les cheveux hérissés, bondit dans le hallier. con el pelo
erizado, salta de la espesura.
Il porte
une massue et la fait tournoyer. Porta una maza y la hace girar,
Et sa bouche écume de rage. y hecha espuma por su boca
rabiosa.
En face, roidissant son bras blanc et nerveux, Haciéndole
frente, tensando su brazo fuerte y nervudo,
Le grand Rama sourit et tend son arc qui ploie, el gran Rama
sonríe y dobla su arco;
Et sur son large dos, comme un nuage, ondoie y sobre su gran
espalda, como una nube,
L'épaisseur de ses longs cheveux. se agita la espesa mata de
sus largos cabellos.
Un pied sur un tronc d'arbre échoué dans les herbes, Con un
pie sobre el tronco de un árbol entre la hierba,
L'autre en arrière, il courbe avec un mâle effort con el
otro atrás, hace curvarse con un varonil esfuerzo
L'arme vibrante, où luit, messagère de mort, el arma
vibrante, en la que brilla, mensajera de muerte,
La flèche aux trois pointes acerbes. la flecha de tres
puntas envenenadas.
Soudain, du nerf tendu part en retentissant De pronto, de la
tensa cuerda parte, vibrando,
Le trait aigu. L'éclair a moins de promptitude. el aguzado
proyectil. El rayo es menos presuroso.
Et le Rakças rejette, en mordant le sol rude, Y el Rakças
deja escapar, mordiendo el polvo,
Sa vie immonde avec son sang. su vida inmunda a la vez que
su sangre.
—Rama Daçarathide, honora des Brahmanes, “¡Rama, hijo de
Daçaratha, honrado por los Brahmanes,
Toi dont le sang est pur et dont le corps est blanc, cuya
sangre es pura y cuyo cuerpo es blanco”,
Dit Lakçmana, salut, dompteur étincelant dijo Lakçmana,
“salud, dominador deslumbrante
De toutes les races profanes! de todas las razas profanas!
Salut, mon
frère aîné, toi qui n'as point d'égal! ¡Salud a ti, mi hermano mayor,
que carecías de rival!
O purificateur des forêts ascétiques, Oh, purificador de las
ascéticas selvas,
Daçaratha,
courbé sous les ans fatidiques. Daçaratha, abatido por los años
fatídicos,
Gémit sur son siège royal. se lamenta sobre su trono real.
Les larmes dans les yeux, il ne dort ni ne mange; Con
lágrimas en los ojos, ni come ni duerme;
La pâleur de la mort couvre son noble front. la palidez de
la muerte cubre su noble frente,
Il t'appelle: ses pleurs ont lavé ton affront, y te reclama:
sus llantos han lavado tu afrenta,
Mon frère, et sa douleur te venge. hermano mío, y su dolor
te ha vengado.”
Rama lui dit: —J'irai. —Tous deux sortent des bois Rama le
dijo: “¡Iré!” Ambos salieron de los bosques
Où gît le noir Rakças dans les herbes humides, donde gime el
Rakças entre la húmeda vegetación,
Et montent sur le char aux sept jantes solides, y se
subieron al carro de siete sólidas ruedas
Qui crie et cède sous leur poids. que se queja y cede bajo
su peso.
La forêt disparaît. Ils franchissent vallées, La selva
desapareció. Atravesaron valles,
Fleuves, plaines et monts; et, tout poudreux, voilà ríos,
llanuras y montañas; y, cubiertos de polvo,
Qu'ils s'arrêtent devant la grande Mytila se detuvieron ante
la gran Mytila,
Aux cent pagodes crénelées. la de las cien pagodas
almenadas.
D'éclatantes clameurs emplissent la cité, Brillantes
clamores llenaron la ciudad,
Et le Roi les accueille et dit: —Je te salue. y el rey les
recibe y dice: “Yo te saludo,
Chef des guerriers, effroi de la race velue jefe de los
guerreros, terror de la raza velluda,
Toute noire d'iniquité! toda negra de iniquidad.
Puisses-tu, seul de tous, tendre, ô Daçarathide, ¡Sólo tú
puedes tensar, oh hijo de Daçaratha,
L'arc immense d'or pur que Civa m'a donné! el inmenso arco
de oro puro que me entregó Shiva!
Ma fille est le trésor par les Dieux destiné Mi hija es el
tesoro destinado por los dioses
A qui ploîra l'arme splendide. a quien doble esta espléndida
arma.
—Je briserai cet arc comme un rameau flétri; “Romperé este
arco como una rama seca:
Les Dêvas m'ont promis la plus belle des femmes!— ¡las Devas
me han prometido a la más bella de las mujeres!”
Il saisit l'arme d'or d'où jaillissent des flammes, Agarra
el arma dorada de la que brotaban las llamas,
Et la tend d'un bras aguerri. y la tensa con su aguerrido
brazo.
Et l'arc ploie et se brise avec un bruit terrible. Y el arco
se dobla y se rompe con un terrible estruendo.
La foule se prosterne et tremble. Le Roi dit: La multitud se
prosterna y tiembla. El rey dice:
—Puisse un jour Ravana, sept fois vil et maudit, “¡Que un
día Ravana, siete veces vil y maldito,
Tomber sous ta flèche invincible! caiga bajo tu flecha
invencible!
Sois mon fils. —Et l'Époux immortel de Sita, Conviértete en
mi hijo.” Y el esposo inmortal de Sita,
Grâce aux Dieux incarnés qui protègent les justes, gracias a
los dioses reencarnados que protegen a los justos,
Plein de gloire, revit ses demeures augustes cubierto de
gloria, volvió a ver su augusta morada
Et le vieux roi Daçaratha. y al viejo rey Daçaratha.
La historia de este rey de la mitología hindú, que Leconte de Lisle usó para componer sus rimas, apareció por primera vez en el Ramayana. A pesar de ser descendiente lejano de Manu, la historia de este rey de Ayodhya no aparece en el más arcaico Rig Veda.
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